Échec de création d’un sanctuaire à cause des pays chasseurs de baleines

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Queue d'une baleine à bosse
Queue d’une baleine à bosse. Photo : Paul Nicklen.

La Commission baleinière internationale (CBI) se réunit du 24 au 28 octobre à Portoroz en Slovénie pour sa 66e réunion annuelle.

Plusieurs pays de l’hémisphère sud tentent depuis 16 ans de créer un sanctuaire pour les mammifères marins dans l’océan Atlantique sud, afin de protéger les baleines. Argentine, Brésil, Gabon, Afrique du Sud et Uruguay ont fait cette proposition à nouveau, comme chaque année depuis 2001. Ils souhaitent créer un sanctuaire de 20 millions de km2 dans l’océan Atlantique sud.

Pour être adoptée, cette proposition devait recueillir une majorité de 75 %, mais elle n’a obtenu que 38 « oui » sur 64 votes, soit 59 %. Elle a donc encore une fois été rejetée.

Les principaux opposants à la proposition ont été les pays chasseurs de baleines : Japon, Norvège, Islande, qui ont obtenu le soutien d’un certain nombre de pays d’Afrique, d’Asie et de petites îles.

« Vu tous les problèmes auxquels sont confrontées les populations de baleines après avoir été dévastées par la chasse à des fins commerciales, il est clair qu’elles ont besoin d’une zone protégée dans laquelle elles seront en mesure, non pas simplement de survivre, mais de se reconstituer et de prospérer », a déclaré John Frizell, spécialiste des baleines à Greenpeace. « Le plus décevant, c’est que ces efforts soient au bout du compte sapés par des pays membres de la CBI situés à des milliers de kilomètres, même pas dans l’hémisphère sud et même, pour certains, à l’autre bout du monde », a-t-il dit.

« Il est très décevant qu’une fois de plus, une proposition pour la création d’un sanctuaire de baleines dans l’Atlantique sud ait été torpillée », a déploré Matt Collins, du Fonds international pour le bien-être animal (Ifaw). « Un sanctuaire dans cette région aurait fourni une solide protection à une grande variété d’espèces de baleines et de dauphins », souligne-t-il.

Environ 71 % des quelque trois millions de baleines tuées dans le monde entre 1900 et 1999 ont été capturées dans l’hémisphère sud. Les espèces les plus chassées ont été le rorqual commun, le cachalot, la baleine bleue, la baleine à bosse, le rorqual boréal et la baleine de Minke. De nombreuses populations sont toujours en train de se reconstituer grâce à un moratoire sur la chasse – sauf celle de subsistance -, entré en vigueur il y a trente ans, en 1986.

La proposition stipulait qu’un sanctuaire devrait « promouvoir la biodiversité, la protection et l’utilisation non létale des ressources baleinières dans l’océan Atlantique sud ».

Mais le Japon, accusé de se livrer tous les ans à la chasse commerciale sous couvert de recherche scientifique, a exprimé sa vive opposition. Selon lui, les stocks de certaines espèces se sont suffisamment reconstitués pour qu’elles puissent être à nouveau chassées, et exclure toutes les baleines de la chasse ne se justifie pas d’un point de vue environnemental. « L’utilisation durable des ressources marines vivantes, dont les baleines (…) est parfaitement compatible avec la protection de l’environnement », a affirmé le commissaire japonais de la CBI lundi aux délégués. « Cette proposition est contraire au principe d’une utilisation soutenable » de ces ressources, a-t-il dit à propos du sanctuaire.

Deux sanctuaires existent actuellement, l’un dans l’océan Indien, l’autre dans l’océan Austral (Antarctique) où chasse le Japon.

La Nouvelle-Zélande et l’Australie ont présenté une proposition prévoyant d’examiner de plus près les programmes de pêche à des fins scientifiques, comme ceux que le Japon affirme mener.

Bien que rien n’indique que des baleines soient chassées dans l’Atlantique sud, le commissaire brésilien Hermano Ribeiro a souligné lundi auprès de l’AFP qu’un sanctuaire fournirait « une certaine sécurité » aux cétacés. « On capture et tue des baleines (dans l’océan Austral). Qui peut nous dire que si la population d’une espèce particulière commence à diminuer, les chasseurs de baleines au nom de la science ne viendront pas dans l’Atlantique sud ? », demande-t-il. « Nous voulons éviter cela ». On le comprend.

Source : AFP.

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